A l’origine, le produit intérieur brut a été mis en place pour pouvoir piloter un appareil productif en temps de guerre ou de reconstruction. Aujourd’hui, mesurer le PIB permet de comparer les performances de différents pays entre eux.
Le PIB est une mesure de la production d’une économie. Cette mesure est basée sur un système d’informations performant qui donne une vision juste de l’état d’une économie.
Pour comprendre l’économie, la plupart des experts et commentateurs financiers s’appuient sur le produit intérieur brut (PIB). Le cadre du PIB examine la valeur des biens et services finaux produits au cours d’un intervalle de temps donné, généralement un trimestre ou une année.
Mais selon certaine théories, la statistique du PIB réel trompe les décideurs politiques et masque la véritable croissance économique.
Pourquoi un PIB plus élevé serait « mieux » ? Il existe deux principales limites. En fait, le PIB ne prend pas en compte les différences de conditions de production. L’économiste insiste sur l’effet de nécessité. En effet, deux pays peuvent avoir le niveau de confort équivalent mais avec des PIB différents.
La comparaison des niveaux de PIB ne permet pas de comparer des niveaux de satisfaction puisque la notion de niveau de satisfaction reste subjective et diffère selon les pays, les cultures ou encore les régions. Finalement, le PIB ne donne que des éléments quantitatifs qui ne sont pas toujours pertinents pour analyser des niveaux de bien-être.
« Cette statistique est construite en partant du principe que c’est la consommation, et non la production de richesses, qui est le moteur de l’économie. Étant donné que les dépenses de consommation représentent la plus grande partie de la demande globale, on suppose que la demande de consommation est le moteur de la croissance économique, une hypothèse fondamentale de l’économie keynésienne », explique un professeur d’économie.
Selon les spécialistes, l’idée est que la demande de biens entraîne presque immédiatement l’offre de biens. Ce cadre ignore toutefois les étapes de la production qui précèdent l’apparition du bien final. Il ne suffit pas de demander des biens, encore faut-il avoir les moyens de répondre à la demande. L’épargne réelle détermine la croissance économique. Si la croissance économique nécessite une infrastructure particulière mais qu’il n’y a pas assez d’épargne réelle, la croissance économique ne se produira pas.
Un indicateur qui n’est pas sans défauts
« Le cadre du PIB est cependant hostile à l’épargne, car les économistes keynésiens pensent que l’épargne affaiblit la consommation. Le cadre du PIB donne l’impression que ce n’est pas l’activité individuelle qui produit les biens et les services, mais quelque chose d’autre appelé « économie ». Pourtant, à aucun moment, la soi-disant économie n’a une vie propre indépendante de l’action individuelle. L’économie est une métaphore », ajoute l’universitaire.
Et de poursuivre : « En additionnant les biens et services finaux, les statisticiens gouvernementaux promeuvent la fiction d’une économie par le biais de la statistique du PIB. Le cadre du PIB ne peut pas nous dire si la production de biens et de services finaux est due à l’expansion de la richesse réelle ou à la consommation de capital. Par exemple, si le gouvernement construit une pyramide, qui n’ajoute rien au bien-être individuel, le cadre du PIB suppose qu’elle contribue à la croissance économique. En réalité, la construction de la pyramide détourne l’épargne réelle des activités génératrices de richesses, étouffant ainsi la production de richesses ».
Tout le monde dirait qu’il n’y a que des avantages à faire grandir le PIB. En réalité, cette impression vient du fait qu’on n’a pas parlé du défaut principal du PIB : c’est un indicateur purement économique, qui compte la production sans prendre en compte un grand nombre de paramètres, à commencer par les questions liées à l’environnement.
L’environnement, le grand oublié
Il omet totalement tout ce qui a rapport à l’écologie et l’environnement. Par exemple, la destruction d’une forêt tropicale pour fabriquer du papier augmente le PIB, mais peut se traduire par un désastre environnemental. Faire augmenter le PIB à tout prix demande de produire, et donc d’extraire des ressources naturelles qui ne sont pas toujours renouvelables. Viser la croissance à tout prix ne peut mener qu’à une surexploitation des ressources naturelles, chose que beaucoup considèrent comme nuisible. Et pire : si les activités polluantes sont comptées dans le PIB, les activités de dépollution le sont aussi !
De plus, il ne rend pas compte du bien-être des habitants d’un pays ou du niveau de développement d’un pays, même en annulant l’effet des inégalités de revenu.
Le PIB et l’économie réelle
« Le calcul du PIB réel pose de sérieux problèmes. Pour le calculer, il faut additionner plusieurs éléments. Pour cela, il faut qu’ils aient une unité en commun. Or, il n’est pas possible d’ajouter des réfrigérateurs aux voitures et aux chemises pour obtenir le total des biens finaux. Étant donné que la production réelle totale ne peut être définie de manière significative, elle ne peut être quantifiée. Pour surmonter ce problème, les économistes utilisent la dépense monétaire totale en biens, qu’ils divisent par le prix moyen de ces biens », assure l’universitaire.
« Cette méthode pose toutefois un sérieux problème », enchaîne l’interlocuteur. « Supposons que deux transactions soient effectuées. Lors de la première transaction, un téléviseur est échangé contre 1.000 dinars. Dans la seconde, une chemise est échangée contre 40 dinars. Le prix ou le taux d’échange dans la première transaction est de 1.000 dinars par téléviseur. Le prix de la seconde transaction est de 40 dinars par chemise. Pour calculer le prix moyen, il faut additionner ces deux ratios et diviser le résultat par deux. Or, on ne peut pas additionner 1000 dollars par téléviseur et 40 dollars par chemise, ce qui implique qu’il n’est pas possible d’établir un prix moyen. Ainsi, tout concept de niveau de prix moyen implique l’addition ou la multiplication de quantités d’unités de biens complètement différents, tels que le beurre, les chapeaux, le sucre, etc. et est donc dénué de sens et illégitime ».
L’utilisation de méthodes sophistiquées pour calculer le niveau moyen des prix ne peut changer le fait qu’il est impossible d’établir un prix moyen pour des biens et des services sans rapport entre eux. Par conséquent, les indices de prix calculés par les statisticiens gouvernementaux ne sont que des nombres arbitraires. Si les déflateurs de prix sont dénués de sens, il en va de même pour la statistique du PIB réel. Même les statisticiens gouvernementaux admettent que leurs calculs ne sont pas réalistes.
Pour conclure, le spécialiste explique que le taux de croissance du PIB réel ne mesure pas la force réelle d’une économie, mais reflète plutôt le chiffre d’affaires monétaire ajusté par une statistique douteuse appelée déflateur des prix. Il est donc évident que plus on injecte d’argent, toutes choses égales par ailleurs, plus l’économie semble forte.